Le secteur de la maroquinerie n’a pas échappé à la désindustrialisation de la France. Ce secteur, autrefois dynamique en France, s’est métamorphosé. Toutefois, la France n’a pas dit son dernier mot ! Commençons par le commencement : la fabrication du cuir.
Le processus de fabrication
Le cuir est fabriqué dans les tanneries. Le processus de tannage commence avec le recyclage des peaux animales issues de l’industrie alimentaire. Arrivées dans une tannerie, les peaux vont être nettoyées et traitées pour devenir résistantes à l’eau et la chaleur. Le tannage permettra de rendre une peau plus ou moins souple, selon l’utilisation souhaitée. Ce traitement peut se faire de différentes façons, mais retenons ici les deux plus courantes : le tannage végétal et le tannage minéral.
Le tannage végétal est la technique la plus ancienne, utilisée depuis des dizaines de milliers d’année. Les peaux vont être mélangées dans l’eau avec des tanins, une substance qu’on retrouve notamment dans l’écorce de certains arbres, comme le chêne en Europe.
Le tannage minéral est beaucoup plus récent : quelques dizaines d’années. Le principe est de remplacer les tanins végétaux par des minéraux. Le chrome est particulièrement utilisé, mais on peut aussi retrouver du cuivre, du fer, de la silice ou d’autres minéraux. Le tannage minéral permettra d’avoir un cuir habituellement plus souple, et d’obtenir certaines couleurs vives qui sont difficiles à obtenir en tannage végétal. Cependant, le principal avantage est le coût : le tannage minéral dure quelques heures, alors que le tannage végétal dure au minimum quelques jours, et peut aller jusqu’à plusieurs mois !
Les deux processus, et particulièrement le tannage minéral, utilisent de l’eau en quantité importante, et il est primordiale que l’eau soit traitée et recyclée. Les tanneries françaises et celles de l’Union Européenne ont mis en place des installations spécifiques et des stations d’épuration dédiées pour traiter ces eaux usées, mais ce n’est malheureusement pas le cas partout dans le monde. Également, la norme européenne REACH impose depuis 2006 des restrictions et interdictions sur l’utilisation de minéraux nocifs lors du tannage, mais cela concerne seulement les tanneries de l’Union Européenne. Attention donc à la provenance du cuir pour réduire l’impact environnemental.
Les tanneries françaises et européennes ont donc toujours une carte à jouer dans la maroquinerie française : bien qu’étant généralement dépassées niveau prix par la concurrence extra-européenne, elles proposent des cuirs de haute qualité, fabriqués dans le respect des normes européennes. Elle permettent ainsi de fournir les plus grandes maisons françaises de maroquinerie qui recherchent l’excellence.
Des artisans autour de géants du luxe
Si le marché européen semble aujourd’hui mature, les besoins en maroquinerie de luxe explosent dans d’autres marchés émergents, notamment en Asie. Les maroquiniers français ont su accompagner cette tendance et valoriser leur savoir-faire. C’est notamment le cas des géants du luxe français, tels que Louis Vuitton ou Hermès qui ont des ventes en forte croissance sur ces segments. Mais autour de ces géants, il existe aussi une multitude de petits artisans qui fabriquent la totalité de leurs collections en France. C’est le cas par exemple de Maison Rottier qui souhaite se positionner comme une alternative entre la Fast Fashion des géants asiatiques et la maroquinerie de luxe des géants français : cette petite maison française propose des sacs entièrement fabriqués dans le sud de la France, près d’Aix-en-Provence, pour des prix attractifs.
Ainsi, à l’instar de l’aéronautique ou du secteur de la beauté, la France arrive à rester un des leaders mondiaux dans la maroquinerie grâce à un savoir-faire spécifique, qui contribue à renforcer l’image du pays à l’étranger.